C’est à nous tes copains spéléos d’évoquer les folles aventures où l’on s’entraînait les uns les autres. Tu dois bien te moquer de nous à présent en nous laissant ce drôle d’exercice… Que d‘histoires tu laisses. On se les est racontés mille fois. Elles prenaient un peu plus de couleurs après chaque canette de bière, ou chaque verre de Tequila… Mais, on riait nous même de nos fanfaronnades. Surtout toi avec ta grande bouche. Quand tu rigolais heureusement que tu avais des oreilles, pour arrêter ton sourire. Sinon, il aurait fait le tour de tête ! Et quelle « tchache » !
Véronique Le Guen t’avait bien surnommé « Christophe la Cigale ; le seul que l’on entende encore discourir et palabrer quand tout le monde ferme les yeux. Le raisonneur des grand fonds, le philosophe de la caverne. »
Par quoi commencer, il faudrait un Homère pour raconter ces épopées. Une image de jeunesse. Ta mobylette qui dérape dans le virage mouillé du bas de Bellugues. Une glissade spectaculaire ! Des étincelles plein la route. Guidon tordu, blouson râpé. Cà n’allait pas nous empêcher de partir en spéléo. Il en fallait plus pour t’arrêter !
La neige du Cotiella, à Pâques, calma pourtant nos rêves de « grand collecteur ». Mais si les trous étaient bouchés, qu’importe, ce fut l’occasion rêvée pour nos premiers raids, sur les sommets glacés du massif, en bottes caoutchouc et texair !
Ils rigolaient bien les copains à te voir tester les duvets – 40° sur la terrasse sous le regard médusé de ton père, ou à voir nos iso hamacs bricolés s’enflammer avec les bougies de chauffage
Mais le matos, c’est pas le plus important quand on a la volonté. Et toi Tortos tu n’en manquais pas ! Si l’on cherchait un compagnon pour un plan extrême, on savait qui appeler. Descente en hydro speed dans l’eau glacée du Haut Tarn, avec chaussettes et sacs plastiques aux pieds en guise de chaussons néoprène. Les crues non plus, ne te faisaient pas peur. Mais, si le risque faisait parti du jeu, il était mesuré. Le seul plaisir était de vivre chaque instant intensément et les partager avec tes amis…Même si parfois on l’a échappé belle. « J’aime la vie !»
C’est toi qui nous a montré la route des grands voyages. Equateur, Pérou, Bolivie. Des noms, qui faisaient rêver. Passeport volé par des truands latinos, détroussement au revolver. La grande aventure. L’ascension du Huescaran Norte (6500m quand même) en kway restera dans ta légende !
Les cagoules d’éboueur high-tech du marché de Millau, t’ont quand même permis de charmer la petite vosgienne, Manou sur les pistes de ski de St François Longchamp.
Inde, Népal, Pakistan, la route continue avec ton anglais approximatif de « Younger Trekking Aminator ». De l’Himalaya à Karachi, Manou est là cette fois, pour partager les bons plans et les mauvais.
L’appel des Grands Causses t’a ramené à Florac où tu as obtenu ton diplôme de Maître spéléo pour faire vivre l’aventure aux Allemands en quête de sensations extrêmes dans les grottes horizontales de la région et dans les branches tortueuses des peupliers.
Soucieux de dynamiser la démographie du Mazel, Nina, et Matéo sont nés, votre plus grande réussite. Félicitation Maître Tortue. Et nous savons que tu aurais terminer cette lettre par ta maxime préférée : « J’aime la vie ».
Les enfants de l’Aragonite.
Articles
